Salut,

Près d’un mois et demi à Londres, et je sens déjà la nostalgie du départ. Le temps file. J’essaie de vivre chaque moment intensément, consciente de mon privilège. Non pas celui d’une famille riche ou d’un investisseur, mais celui que j’ai bâti par mon travail : les week-ends où j’ai travaillé sans relâche, les remplacements, les soirs où je rentrais à 2h ou 3h du matin. Est- que c’est un privilège?

Quand je pense aux habitants de Gaza, d’Ukraine, du Yémen ou du Congo, je reconnais l’étendue de mon “privilège”. Il n’est pas nécessaire de regarder loin : combien de personnes, tout près de nous, ne peuvent pas exercer leur liberté pour des raisons qui leur sont propres ? C’est en me posant cette question que je me suis intéressée à l’étymologie du mot. J’ai demandé à ChatGPT, qui m’a répondu :

L’étymologie du mot « privilège » (du latin privilegium) signifie littéralement « loi privée ». Cela renvoie à une loi qui s’applique à un individu ou un groupe spécifique, par opposition à la loi commune qui s’applique à tous. D’un point de vue philosophique, cela soulève des questions fondamentales sur la justice et l’égalité. Est-il juste que certains bénéficient d’avantages qui ne sont pas accessibles à tous ? Le privilège, dans ce sens, est intrinsèquement lié à l’inégalité et remet en question les fondements d’une société juste.

ChatGPT ne plaisante pas, et j’avoue m’être sentie coupable après avoir lu sa réponse ! Heureusement, ce sentiment n’a pas duré. J’ai réalisé que le privilège dont je parle n’est pas tant lié à la justice ou aux inégalités, mais plutôt à la liberté : la liberté d’action, de pensée, d’être maître de soi-même. Comment puis-je remercier la vie pour ce privilège ? En vivant chaque semaine, chaque jour, comme si c’était le dernier.

Cette semaine, j’ai chanté pour la première fois ma chanson « Butterfly », que j’ai écrite en 2020. C’était en pleine pandémie, une période chaotique, et pourtant j’ai rencontré cette fille dont le surnom est le titre de ma chanson. Je me souviens précisément du moment où j’ai commencé à la composer : j’étais dans les vignes, au Lavaux, près de Corsier-sur-Vevey, durant l’été 2020. Un oiseau s’est posé près de moi, et j’ai été fascinée par son chant : brut, inspirant, touchant. J’ai chanté avec lui à ma manière, et c’est là que j’ai trouvé la première phrase de la chanson : « The bird is singing the same song about love. »

Je ne l’avais jamais chantée à personne, je la trouvais un peu trop romantique. Cette semaine, je l’ai chantée à Max, mon pianiste et désormais ami. Quand il l’a jouée au piano, j’ai été transportée dans ce moment de 2020 : les vignes, l’oiseau, la passion… tout est revenu. Le mystère de la musique transcende la notion du temps et de l’espace.

Vendredi, je suis allée à un événement de forró avec Carol et Gil, l’un des musiciens qui joue également à l’événement de dimanche. Le concert avait lieu à Chapter Spitalfields, une impressionnante résidence étudiante de 33 étages. L’endroit est incroyable ! Quand je pense aux opportunités pour les musiciens à Londres et que je les compare à celles en Suisse, l’écart est gigantesque. Ici, l’art a une place fondamentale. On trouve des œuvres dans la rue, des spectacles de haut niveau, des concerts, des open mics… Il y a tant à faire. Malheureusement, en Suisse, on doit se battre pour obtenir un cachet minimum. J’ai l’impression que dans le canton de Vaud, les gens sont désintéressés, et ne participent qu’aux événements traditionnels : Cully Jazz, la Fête de la Musique, le Montreux Jazz, le Paléo, etc. C’est très frustrant.

Comme je vous l’ai dit la semaine dernière, Carol m’a invitée à chanter lors d’un événement de samba dimanche. Je me suis préparée, mais je n’étais pas très à l’aise. Je dois l’admettre, je ne suis pas encore complètement à l’aise avec ce style et pourtant c’est ma racine. Je pense qu’avec plus de pratique, je pourrais le maîtriser, mais pour l’instant, je me sens un peu perdue. Néanmoins, c’était une belle expérience qui m’a aidée à gagner en confiance et en présence sur scène.

Je crois que l’artiste se reconnaît dans son art, mais il doit aussi trouver sa propre identité artistique. Petit à petit, je commence à me connecter à la mienne. Mais avant de connaître l’artiste, ne dois-je pas être en harmonie avec la Camila non-artiste ? C’est là que je me pose la question philosophique : « Qui suis-je ? »

Pour moi, la réponse n’est pas figée. Elle suit un mouvement, une cadence qui évolue avec le temps. Me définir, ce serait réduire ma vie à quelque chose du passé. Mes choix, mes rencontres, mes émotions, ce que je vis dans l’ici et maintenant sont ce qui me définit. Mon texte de cette semaine est un peu philosophique, et j’en suis ravie. J’adore naviguer dans mes pensées.

À l’école, nous avons travaillé sur les trois chansons pour notre évaluation finale. Nous serons évalués sur des critères précis comme la posture sur scène, la confiance, le rythme, etc. J’ai choisi « The Doors » de Teddy Swims et « Colors » de Black Pumas. Pour la troisième, j’hésite entre une composition personnelle ou « War » de Bob Marley. J’ai jusqu’à samedi pour me décider.

D’habitude, je publie sur mon blog le lundi, mais cette semaine était un jour férié à Londres, avec le carnaval de Notting Hill. Je suis allée y faire un tour, mais je n’ai pas vraiment aimé. Je préfère de loin le carnaval du Brésil !

Je suis seule dans l’appartement Airbnb et j’en suis très contente. Le garçon qui était là m’énervait à cause de son manque de propreté. J’espère rester seule encore un bon moment, surtout que cette semaine, j’aurai une « invitée spéciale ».

J’espère que vous allez tous bien et que vous profitez de l’été en Suisse, qui me manque beaucoup.

Avec amour,

Camila Carvalho

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