Bonjour,

Cette semaine, j’aimerais aborder un sujet différent. En plus de vous raconter mon aventure en Angleterre, j’aimerais élargir ma réflexion pour parler de récents événements qui ont eu un impact profond sur moi : la manifestation anti-migration à Londres, les tensions politiques au Brésil et le génocide en cours à Gaza.

Pour ceux et celles qui n’ont pas vu passer l’info, le samedi 13 septembre, le centre de Londres a été le théâtre d’une manifestation contre l’immigration, rassemblant une foule estimée par la police entre 110 000 et 150 000 personnes. Au Brésil, nous assistons à un scénario politique chaotique au sein des trois pouvoirs indépendants (législatif, exécutif et judiciaire), notamment avec la condamnation de l’ex-président Jair Bolsonaro. Enfin, le génocide perpétuel à Gaza qui se déroule sous les yeux du monde entier.

Ces événements m’ont fait réfléchir aux fondements de notre société et à ce qui nous amène à de telles situations. Je ne peux m’empêcher de constater l’hypocrisie de notre monde. Cette manifestation « anti-immigrés » n’est pas dirigée contre les immigrants en général, mais contre les migrants pauvres. Si tous les migrants étaient des millionnaires, je doute fort que les Britanniques oseraient manifester contre eux.

Dans le Manifeste du Parti communiste de 1847, que je vous encourage vivement à lire, Karl Marx et Engels expliquent comment la société bourgeoise, née des entrailles du féodalisme, porte en elle les germes de sa propre destruction. Bien que ce manifeste ne soit plus d’actualité en termes de directives, il reste un outil puissant pour comprendre les mécanismes fondamentaux de notre société.

Lorsque la « bourgeoisie dominante » crie contre la migration, comme on l’a vu samedi dernier, lorsque des députés se détournent de leur propre peuple, ou lorsqu’une nation tente de conquérir des territoires par la force, c’est le signe qu’elle est incapable d’assumer son rôle de domination.

« La bourgeoisie est donc incapable de remplir plus longtemps son rôle de classe dirigeante et d’imposer à la société, comme loi régulatrice, les conditions d’existence de sa classe. Elle ne peut plus régner, parce qu’elle est incapable d’assurer l’existence de son esclave dans le cadre de son esclavage, parce qu’elle est obligée de le laisser déchoir au point de devoir le nourrir au lieu de se faire nourrir par lui. La société ne peut plus vivre sous sa domination, ce qui revient à dire que l’existence de la bourgeoisie n’est plus compatible avec celle de la société. » — Manifeste du Parti communiste, Marx & Engels (1847)

Personne ne veut renoncer à son statut de dominant. Mais ce qui est encore plus complexe, c’est l’illusion que la classe dominante crée pour les autres classes à travers les fondements du capitalisme : propriété privée, libre concurrence et implication de l’État dans les politiques sociales.

« Sous peine de mort, [la bourgeoisie] force toutes les nations à adopter le mode bourgeois de production ; elle les force à introduire chez elles la prétendue civilisation, c’est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle se façonne un monde à son image. » — Manifeste du Parti communiste,Marx & Engels (1847)

C’est une équation simple à comprendre, n’est-ce pas ? Et pourtant, quand le·a « dominé·e » tente d’exercer les fondements mêmes de cette société, il·elle en est empêché·e. Je ne suis pas ici pour défendre le communisme. J’ai une grande admiration pour la pensée marxiste et son analyse de la naissance et des mécanismes de la bourgeoisie. Ces trois événements ont le même fondement : d’un côté, celui ou celle qui veut garantir son statut de dominant·e, et de l’autre, le· dominé·e, façonné·e par le système, qui tente tant bien que mal de survivre aux « bombardements » de la classe dominante (génocide, inflation, système politique et social excluant, etc.).

J’espère qu’un jour, nous parviendrons à une société moins oppressive et plus humaniste.

Les jours passent très vite. Je commence à compter les jours et les heures. Cette semaine, j’ai consacré une bonne partie de mon temps aux répétitions pour mon évaluation de samedi et le concert du 26 septembre à Lisbonne. Ces moments à Londres me permettent aussi de prendre soin de moi et de ma santé mentale. L’idée de faire un congé sabbatique était principalement pour cette raison. Je n’avais jamais vraiment pris le temps d’explorer certaines zones d’ombre de ma psyché. Je savais qu’il me fallait du temps pour abandonner la figure qui me maintenait productive et respectable à mes propres yeux. Ce n’est pas un exercice facile ; je me suis retrouvée face à des blessures profondes, mais aussi à une force incroyable. Le chemin s’est ouvert !

J’aimerais vous parler d’une rencontre spéciale. J’ai rencontré Ieda la semaine dernière en allant faire mes ongles chez une Brésilienne qui loue un espace dans sa clinique. Je perdais beaucoup de cheveux ici. Après avoir discuté avec des amis, j’ai appris que l’eau londonienne est très calcaire et que beaucoup de gens souffrent de perte de cheveux à cause de cela. Panique ! Mon estime de moi a chuté.

La rencontre avec Ieda et ses connaissances en médecine naturelle m’a beaucoup aidée. Elle propose des produits 100 % naturels à base de résine végétale. Ieda est une femme très intelligente avec une histoire de vie particulière. Elle a grandi aux côtés de Chico Xavier, un médium et auteur spirite brésilien, respecté pour son travail auprès des pauvres et considéré par beaucoup comme un saint. Ieda a côtoyé Chico de près et a appris de ses enseignements.

Elle a une clinique de produits cosmétiques naturels ici. J’y suis allée presque tous les jours cette semaine. Elle m’a enseigné de nouvelles choses et m’a prodigué des soins pour le visage, le corps et les cheveux. Stratégie de marketing ? Je ne sais pas, mais j’ai eu un coup de cœur pour tous ses produits. Je pense sérieusement à les importer en Suisse et à me lancer dans cette affaire. Si c’est bien organisé, cela me permettrait de laisser mon deuxième emploi à 20 % les week-ends. À voir !

Cette semaine, j’ai reçu une merveilleuse nouvelle : mon amie Bojana Zuvic vient me voir au Portugal. Quelle joie ! J’ai rencontré « Boj Boj » à L’HETSL ( Haute école de travail social à Lausanne), où nous avons été binômes pendant la formation. Elle est même venue au Brésil avec moi en 2024 pour deux semaines inoubliables. Mon neveu se souvient encore d’elle et inclut toujours son nom dans ses prières. Je suis tellement heureuse qu’elle soit avec moi pour le concert du 26 septembre.

Je termine ce texte avec un cœur rempli d’amour et de gratitude pour toutes les personnes qui ont croisé mon chemin et me permettent d’être qui je suis aujourd’hui, tout en me donnant l’espace de grandir en moi-même.

J’en profite pour informer toutes les personnes qui ont contribué à la cagnotte que je vous ai envoyé les cartes postales cette semaine. Faites-moi savoir si vous les avez bien reçues.

Cette semaine, je me prépare pour mon voyage au Portugal. D’ailleurs je dois finir mes valises parce que je quitte l’Airbnb samedi. Je suis impatiente de revoir mon filleul, ma famille et mon ami Thiago, et bien sûr de vivre le concert au Festival de Poésie de Lisbonne. Cela va être un succès !

Avec Amour,

CAMILA

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Durant ses 3 mois de voyage, Camila tiendra un blog pour l’association Sublime, où elle racontera tous les détails de cette aventure. Ses cours, ses concerts dans les rues de Londres, les rencontres et les galères d’une jeune artiste indépendante. Découvrez tous les articles ici !

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Camila a entièrement financé son voyage ainsi que les frais d’inscription à l’école PointBlank. Cependant, elle doit également s’acheter une nouvelle guitarre ainsi que ses accessoires. Aidez-la à réaliser ce projet ! Vous pouvez faire un don à partir de 25 chf. Merci !