Je n’aurais jamais imaginé qu’un jour je me considérerais comme une artiste. Dans la vie de tous les jours, j’avais l’impression de ne jamais avoir le temps d’explorer ma créativité, la source de tous les arts. Je suis une adepte de la pensée hermétique ; pour moi, la créativité est l’expression la plus authentique du mental. Cette semaine, j’ai vécu une expérience bizarre. Je me suis retrouvée confrontée à quelque chose qui touche une dimension spirituelle dans ma façon de penser. Peut-être qu’à la fin de l’histoire, vous n’aurez pas la même impression que moi, mais après toutes mes expériences depuis mon arrivée ici, je suis convaincue qu’il y a mille choses qui se passent sous mes yeux. Je suis une artiste, et ma créativité s’exprime exactement là où la vie se manifeste : dans mes rencontres et mes retrouvailles, dans les arrivées et les départs, dans le mystère et la magie, dans l’autre et en moi.

Cette semaine, j’ai eu l’impression d’avoir vécu trois mois en un seul. J’ai chanté pour la première fois au bar Dublin Castle à Camden Town avec Raphaël, c’était vraiment très chouette. Nous avons bien ri avec les Anglais. Notre performance était un excellent exercice, car nous devions être très attentifs au chronomètre. Nous avions neuf minutes sur scène, soit environ trois chansons. Un exercice pas très facile pour moi.

Raphaël est rentré mardi, et je suis retournée à mes activités en solo. Enfin, pas vraiment, car j’ai rencontré un partenaire de crime, un ami qui est arrivé comme un cadeau dans ma vie. Cayo est un « GAROTO CARIOCA » (un garçon de Rio De Janeiro), et il est arrivé du Brésil à Londres presque en même temps que moi. Encore un autre Brésilien qui s’éloigne de notre pays pour tenter une vie un peu plus paisible à l’étranger. Avec lui, je ris, je fais du sport, je sors (toujours sans alcool), je discute de tout et de rien, mais surtout des filles et de James, un Anglais qui loge dans la chambre à côté de la sienne. James a appris à parler et ne s’est jamais arrêté. Je suis sûre qu’en ce moment même, il est en train de parler à quelqu’un. C’est impressionnant ! Attention, ça ne l’empêche pas d’avoir un rendez-vous. L’autre jour, il est rentré tard le soir avec une fille. Cayo n’étant pas là et ma chambre étant à l’étage, on ne saura jamais si dans ces moments-là il parle aussi (hahaha).

Mercredi, je suis allée à un autre open mic. Celui-ci était organisé par mon professeur de l’école. Cette fois, j’y ai retrouvé mes collègues de cours. Je les aime trop, ils sont tellement chouettes. J’adore les voir explorer leur talent. Dima a joué sur scène avec moi. C’était beau ! C’est très intéressant de voir d’autres personnes interpréter mes chansons, qui en réalité ne m’appartiennent plus dès l’instant où je les partage.

Londres est une ville très chère. J’essaie d’économiser au maximum, mais j’ai aussi envie de profiter. J’ai donc eu l’idée d’acheter un appareil photo Polaroid pour faire des photos de touristes ; il y en a beaucoup ici. Je suis allée vendredi après-midi au Palais de Buckingham. Il faisait très beau, et j’ai déjà gagné 30 £ en une heure. J’ai dû rentrer à la maison parce que je n’avais plus de cartouches de film pour l’appareil. Malheureusement, le problème avec le Polaroid, ce sont les films : en plus d’être chers, on n’en trouve pas facilement. Cayo est mon apprenti, et nous allons démarrer ce projet ensemble. Le but est de gagner un peu d’argent pour nos loisirs.

Samedi, j’ai changé d’Airbnb. L’hôte du nouvel appartement m’avait proposé de déménager mercredi sans frais supplémentaires. J’ai trouvé ça super, mais je voulais profiter un peu plus de temps avec Cayo, j’ai donc refusé la proposition. Samedi, après le cours, je suis allée dans le nouvel appartement. Je ne sais pas pourquoi, mais en arrivant en taxi, j’ai eu une mauvaise sensation. Le taxi m’a déposée très loin de l’adresse, et j’étais toute seule pour déplacer toutes mes affaires (valise, nourriture, guitare, amplificateur…). De loin, je vois le bâtiment : un immeuble protégé par des grilles, à l’architecture très brute, un mélange de béton et de brique rouge. L’hôte de l’Airbnb m’a donné des instructions pour récupérer la clé, avec une photo de l’endroit : une boîte en fer accrochée à la grille du portail. Jusqu’ici tout va bien, mais le problème, c’est que le bâtiment ressemblait à une prison et la boîte était recouverte de toiles d’araignées. Comment chercher la clé ? Quelques minutes plus tard, je réussis à la trouver sous la boîte. La porte d’entrée était très grande et large, en fer forgé, comme dans les prisons. Une fille est venue fumer une cigarette et m’a vue dehors, en train de galérer pour entrer. Elle m’a aidée à mettre mes affaires à l’intérieur. À ce moment-là, mon esprit et mon corps étaient en tension. Je regardais autour de moi pour repérer comment je pouvais sauter par-dessus la grille en cas d’urgence. Serine, la jeune fille, m’a accompagnée jusqu’à la porte du bâtiment. Je trouve ça bizarre qu’en partant, elle me dise : « Si jamais, je suis dans le bâtiment 3, BONNE CHANCE ! ». Ce « bonne chance » n’a pas sonné comme d’habitude. J’arrive devant mon appartement, il y avait une grille en fer devant la porte, avec beaucoup de toiles d’araignées. J’entre à l’intérieur de l’appartement et c’est le choc ! Un appartement abandonné, avec des chambres fermées à clé par des cadenas, une vaisselle recouverte de poussière, comme si personne n’y avait habité depuis longtemps. J’avais besoin d’aller aux toilettes et de charger mon téléphone. La salle de bains était à l’étage. Mon corps était complètement en état d’alerte, j’avais peur, je n’arrivais pas à monter les escaliers. J’avais la sensation que des choses horribles s’étaient passées dans cet endroit. Je ne comprenais pas non plus comment je m’étais retrouvée dans un tel endroit. Et puis, la question la plus importante : « Comment vais-je vivre dans cet endroit, toute seule, pendant un mois ? ». Impossible. Je suis allée chez Serine, ma voisine. Elle a été un véritable ange pour moi. Elle m’a accueillie chez elle, m’a préparé de l’eau citronnée, et m’a accompagnée dans la maison pour vérifier l’étage (où se trouvaient les chambres fermées à clé et la salle de bains). J’avais trop peur, je ne pouvais pas faire ça toute seule. Elle m’a dit qu’elle avait toujours eu une sensation bizarre par rapport à cet appartement et que la personne n’avait pas le droit de le louer en Airbnb, car ce complexe d’habitation fait partie de la commune. Je n’arrivais pas à rester une minute de plus dans l’appartement. J’ai appelé Cayo et un autre ami, Wesley, qui habite à Londres depuis 22 ans. Heureusement qu’ils étaient là pour moi. Wesley m’a ramenée chez lui, m’a préparé à manger et m’a partagé une prière très puissante. Nous étions tous d’accord que cet endroit avait des choses bizarres.

Le lendemain, j’allais beaucoup, beaucoup mieux. J’ai fait une réclamation auprès d’Airbnb en plus d’envoyer des photos. J’ai évidemment eu un remboursement complet et l’annulation de la réservation. Le même jour, j’ai trouvé un autre appartement près de Camden Town. Un quartier très sympa que je me réjouis de découvrir. L’appartement est bien. Par contre, comme dans la majorité des Airbnb partagés, les gens ne sont pas très propres. J’ai donc proposé à l’hôte de faire un ménage complet pour deux nuits gratuites. Il a accepté et m’a remerciée.

Cette expérience m’a profondément touchée. Je me suis sentie comme quelqu’un retenu en captivité. Un film d’horreur. En même temps, encore une fois, je n’étais pas seule. Serine, Cayo et Wesley ont été un soutien précieux pour moi à ce moment-là. Londres n’est pas un endroit simple où vivre. J’avais vu la misère et la beauté en Inde, le courage et la résistance du Sénégal, ma propre réalité des inégalités au Brésil… Londres, à son tour, reste pour moi un mystère.

Concernant la musique, cette semaine, nous avons eu une nouvelle professeure. Nous avons travaillé la présence sur scène, des exercices de respiration et les chansons que nous chanterons lors de l’évaluation. C’était très sympa ! J’ai quasiment tout compris ce qu’elle disait (elle a moins l’accent britannique), et puis, j’adore avoir des feedbacks. J’ai choisi trois chansons de styles différents pour cet exercice, mais je n’ai pas encore choisi celles pour l’évaluation.

Après un début de week-end très chargé, nous sommes allés à Soho avec Cayo dimanche soir. J’ai adoré ! Un point positif à Londres : les soirées sont toujours sympas, du moins jusqu’à présent, et même sans alcool, j’arrive à bien en profiter.

C’est tout pour aujourd’hui. J’aimerais remercier toutes les personnes qui m’ont aidée jusqu’à maintenant. La cagnotte est toujours en ligne. Le montant n’a pas bougé depuis la semaine passée. Je vais attendre encore un peu avant de la clôturer. Merci pour tous les messages, n’hésitez pas à m’écrire, ça me motive de savoir que vous êtes là avec moi.

Avec amour,

CAMILA

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Durant ses 3 mois de voyage, Camila tiendra un blog pour l’association Sublime, où elle racontera tous les détails de cette aventure. Ses cours, ses concerts dans les rues de Londres, les rencontres et les galères d’une jeune artiste indépendante. Découvrez tous les articles ici !

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Camila a entièrement financé son voyage ainsi que les frais d’inscription à l’école PointBlank. Cependant, elle doit également s’acheter une nouvelle guitarre ainsi que ses accessoires. Aidez-la à réaliser ce projet ! Vous pouvez faire un don à partir de 25 chf. Merci !